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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/53

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Luce. Ils nous avaient aperçus ; mais tant pis pour les aménités que j’essuierais plus tard. Cette bonne pièce de Luce était capable de toutes les incartades ; je n’allais certes pas lui présenter ma compagne. Au lieu de continuer à longer le quai, nous obliquâmes vers la petite rue de pêcheurs qui mène à l’église. Déjà, Luce nous lorgnait de derrière son face-à-main ; je la vis adresser un mot à son frère, mais celui-ci la retint par le bras en m’adressant un clin d’œil complice. J’en fus quitte pour un signe de tête ironique de ma rousse Danaé, qui se détourna avec affectation.

Le manège avait, grâce à Dieu, échappé à Aurore.

À la clinique, le câblogramme était arrivé. Dès le vestibule, la femme de chambre remit la formule à « Mlle Constantin », qui la décacheta, la parcourut et resta songeuse, perplexe, à la relire deux ou trois fois. À la fin, elle me dit :

— Mon père m’annonce qu’il s’embarque avec mon fiancé sur le Berengaria. Je dois les retrouver à Paris le 21.

Une inquiétude barrait ses traits, un effort pour comprendre l’inexplicable. Mais une seule chose m’importait. J’interrogeai, affectant un calme sourire :

— Vous ne partez pas tout de suite ?

Je lui aurais baisé la main pour sa réponse :

— Rien ne presse, puisque nous ne sommes que le 16 ; j’ai encore cinq jours. Cassis me plaît, et j’ai bien droit à prendre un peu de vacances. Mais comme je ne suis