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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/69

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coups d’œil à la dérobée et des chuchotements derrière leur main, témoignaient qu’ils avaient perçu l’étonnante ressemblance.

J’essayai de la tranquilliser.

— Oui, évidemment, ils s’occupent de vous, mademoiselle ; mais ce ne sont pas des journalistes ; et même si c’en étaient ; même s’ils avaient l’audace de vous aborder, rassurez-vous, je suis là ; je leur apprendrais qu’on n’impose pas des interviews à qui n’en veut pas donner.

— On voit bien que vous ne connaissez pas les journalistes américains pour dire cela, monsieur Delvart ! Combien de fois ai-je dû leur fournir des renseignements, alors que je n’en avais pas envie ! Il m’est arrivé d’être harcelée, obsédée pendant des heures entières ; il y en a un qui, pour m’extorquer un papier, m’a accompagné dans l’avion de Columbus à Chicago ; un autre s’est maquillé en serveur de restaurant… Et je suis persuadée que les journalistes sont pareils en France et qu’ils seraient encore plus tenaces que leurs confrères des États, maintenant que je suis célèbre et que j’ai des motifs graves de les éviter… Oh ! tenez, voilà le grand qui se lève ; il entre dans le café… C’est pour téléphoner au journal qu’il a vu Aurore Lescure et demander qu’on envoie un photographe… Partons, je vous en prie.

Son agitation me peinait, sa peur était contagieuse. Après tout, qui sait ! elle a peut-être raison et je ne peux risquer, en la retenant là, d’empoisonner notre voyage