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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/84

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l’argent, et ce sont mes « calanques » qui se négocient le mieux.

Tout en ruminant ces réflexions et grattant un reste de démangeaisons, j’allai me coucher et finis par m’endormir, sans éteindre la lampe de chevet.

À mon réveil, d’un somme lourd et plus fatigant qu’une veillée prolongée, à 10 heures, la première chose qui frappa ma conscience fut une odeur de roses en putréfaction, et j’eus l’étonnement de voir l’ampoule revêtue d’une épaisse résille couleur corail, dont les festons pendaient en stalactites, tel un ornement d’une fantaisie baroque. Je mis quelques secondes à comprendre que c’était là un nouveau développement de la poudre impalpable rapportée de Cassis sur mes vêtements et ma personne. Le cordon souple, lui aussi, était chargé de tout un champignonnement de taches lenticulaires et de nodosités rouges, comme chez Alburtin, mais plus grosses et qui avaient poussé plus vite, sur lesquelles se gonflaient déjà de petites vésicules crevant l’une après l’autre et projetant chacune un nuage de fine poussière rousse. Il y en avait sur mes draps et sur ma figure. Le cou et les épaules me démangeaient à nouveau avec violence, et ce fut alors que je commençai à établir le lien entre les soi-disant invasions de puces et la poussière des « champignons célestes », comme je disais alors.

Cet incident ridicule, cette saleté qui s’écrasait sous le doigt comme une suie couleur brique, acheva de