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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/85

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ramener la mauvaise humeur. La lampe éteinte, j’entrepris un nettoyage sommaire de l’ampoule et des fils, mais j’abandonnai vite la tâche, m’en remettant pour l’achever à la concierge, qui faisait fonctions de femme de ménage. N’étant pas un scientifique, les possibilités incluses dans cet envahissement ne m’apparaissaient pas encore. Je n’y voyais qu’un épisode désagréable ; je ne songeais même pas qu’il avait toute chance de se reproduire dès que je rallumerais l’électricité.

Un « tub » et du linge frais mirent fin aux démangeaisons, mais non à la mauvaise humeur. J’étais hérissé, misérable. Le rendez-vous avec Aurore ne m’inspirait qu’un sentiment de duperie… Et elle serait en retard, comme de juste, cette Ange !

Le Nord-Sud, de « Lamarck » à « Saint-Lazare »… 11 h. 25 au cadran de la gare…

J’entrai au Terminus, parcourus l’aile droite, côté cour du Havre, retournai vers l’autre.

— Gaston !…

Aurore, mi-levée derrière sa table, la main tendue !… J’allais passer sans la reconnaître !

Le simple son de sa voix, soulevant un raz-de-marée de tendresse et d’espoirs merveilleux, rasséréna mon humeur. Tout en me glissant entre les marbres, pour m’asseoir à son côté sur la banquette, je la considérai de mon œil de peintre, et je compris.

— Ah ! Aurette, vous vous êtes acheté un nouveau