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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/88

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— Mademoiselle Aurette Constantin ; monsieur Gaston Delvart… Mon ancien élève et ami Tancrède Alburtin me dit que vous avez une communication intéressante à me faire. J’ai cinq minutes à vous donner. Soyez brefs.

Ce grand et maigre vieillard sans âge… 65 ans ou 80… aux traits parcheminés, à la calvitie prolongeant un large front entre deux touffes de cheveux blanc d’argent, au nez révélateur de son origine hébraïque, fixa sur nous, de ses yeux d’un bleu de nuit, un regard olympien, comme s’il doutait que d’aussi jeunes gens pussent avoir quelque chose à apprendre à un savant de son espèce.

Je l’avoue humblement, malgré la bonne opinion que j’ai de moi-même en tant qu’artiste, je me sentais tout petit devant ce représentant supérieur de l’humanité, devant ce biologiste doublé d’un philosophe à la réputation universelle, Je laissai ma compagne prendre la parole.

Le front haut et le regard droit, modeste mais assurée elle prononça :

— Monsieur le professeur, avant tout je me vois obligée de vous demander votre parole de savant et de gentleman que vous ne ferez mention à qui que ce soit de ma visite chez vous ni de mon adresse actuelle. Il ne faut pas que l’on me sache à Paris avant que les circonstances me permettent de vous y autoriser… Aurette Constantin n’est qu’un pseudonyme.