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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/97

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pluie n’était rien moins que les explosions minuscules et réitérées des pustules sporifères projetant leur pollen ocreux sur la table de nuit, sur les draps, sur moi.

La plaisanterie devenait mauvaise. Pour la première fois je pensai : « C’est très joli, la science, mais il eût mieux valu laisser dans le bois de Bellefille cette boîte à météorites ! »… Sans la censure de mon subconscient, comme dit Freud, mon exclamation se serait peut-être traduite : « Quelle idée a-t-elle eu, Aurore, de recueillir ces satanés cosmozoaires ! ».

Et, dégoûté de me salir les mains, répugnant à nettoyer l’ampoule, j’éteignis.

Ma première pensée au réveil fut pour Aurore ; mais il n’était plus question de lui adresser des reproches. « Encore deux jours ! »… Oui, dans deux jours, son père et son fiancé débarqueront à Paris ; et alors ce sera fini. Adieu les rendez-vous quotidiens avec elle ; adieu l’illusion du compagnonnage amoureux et de me leurrer de l’espoir qu’à la longue, à force de sentir auprès d’elle mon adoration, elle finira par voir en moi autre chose qu’un bon camarade. À sa façon de parler de son père et de son fiancé, de son père surtout, je comprends que dès qu’ils seront là je cesserai de compter ; elle travaillera avec son père, ne le quittera plus. Fera-t-elle même un effort pour échapper à l’accaparement et me consacrer… je ne serais pas exigeant : une heure par jour !

Car je ne peux songer à m’introduire dans leur compagnie. De quel droit ? Sous quel prétexte ? Je suis nul