Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/744

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tenu par deux, quatre ou six colonnes. Aucune décoration extérieure ne distinguait les autres des maisons des citoyens. L’an 662 de la fondation de Rome, le temple de Jupiter Férétrien, écrit Pline, n’avait que quinze pieds de longueur. Si l’on passe aux principaux temples de Rome, qui étaient celui de la Paix, celui de Jupiter Capitolin et le Panthéon, il est facile de se convaincre qu’ils le cèdent de beaucoup à presque toutes nos églises[1]. Les temples de Vesta et de la Fortune virile, que l’on rangeait entre les plus célèbres par leur grandeur, n’auraient pas couvert, tous les deux réunis, la superficie du Panthéon. De combien de lieues les Romains n’auraient-ils pas reculé leurs murailles, ou combien de palais, de thermes, de cirques, de basiliques, de rues et de places, n’auraient-ils pas supprimés, s’ils eussent suivi, pour leurs temples, les plans restaurés et considérablement augmentés de nos architectes ? Parmi un millier de précieuses bévues de ce genre, commises par les maîtres de la science moderne, nous citerons la moindre, qui sera encore bien suffisaute pour donner la mesure de l’autorité que l’on doit accorder à des travaux dont le plus léger tort est de faire accepter aux hommes inattentifs ou peu clairvoyants d’affreux contre-bon-sens pour des œuvres consciencieuses, pour des œuvres de vérité et de génie. Palladio, l’oracle infaillible de nos académies græco-romaines, le chef de l’école des modernes, comme l’appelle

  1. Voyez Parallèle des édifices anciens et modernes, par Durand.