Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/745

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M. Quatremère de Quincy, Palladio ayant entrepris de restaurer le temple d’Antonin et de Faustine, imagina de l’enrichir d’un superbe portique périptère, dont le seul inconvénient fut de chasser complètement de son domaine le temple de Remus, et de boucher le passage aux triomphateurs qui, pour arriver au Capitole, gravissaient la voie Sacrée, et aux prêtres qui, aux ides de chaque mois, allaient processionnellement par le même chemin au temple de Jupiter. Si l’addition d’un simple portique bouleverse, d’une manière si fatale, tout un quartier de Rome, comment consentir de gaîté de cœur à ce que nos ingénieux costumiers achèvent de défigurer et de rendre méconnaissable la ville éternelle, en affublant de l’area, de l’atrium, de la basilica, de l’aditum, de la tribuna, du penetrale et du sacrarium, plusieurs centaines d’élégantes petites chapelles où l’on sacrifiait, non cent taureaux ou cent génisses, mais un coq ou une colombe, et dont l’entrée était permise, non au peuple, à l’armée et au sénat, mais uniquement au prêtre ou à la prêtresse, qui disparaissait avec son Dieu et sa victime dans la fumée d’un grain d’encens. Enfin, si nous visitons les campagnes de l’Attique, du Péloponèse et des îles adjacentes, avec Pausanias, nous rencontrons une foule de petits édifices auxquels nous ne saurions quelle destination assigner, si notre compagnon de voyage ne nous apprenait que ce sont des temples. La plupart, dépourvus de tout ornement, sont construits en briques. Ceux-ci n’ont pas de toit ; ceux-là ont une