Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/747

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la préférence qu’ils accordèrent aux colonnes, et celui des chrétiens par l’usage presque exclusif qu’ils firent des pilastres. Ces motifs nous paraissent futiles et sans valeur, bien qu’ils aient été sérieusement émis et soutenus par plusieurs écrivains. « Les anciens, dit l’un d’eux, n’employèrent jamais le pilastre comme partie principale d’un corps d’architecture, parce qu’en matière d’édifices publics, il n’y a de vraie, de belle architecture, que celle où il y a des colonnes, où les colonnes portent l’entablement, où l’entablement sert à porter les voûtes et les plafonds. Or, cet usage des colonnes, surtout quand on les voulait d’un seul bloc, empêchait de donner aux édifices sacrés l’étendue qu’ils auraient pu avoir, s’il ne s’était agi que de pilastres. Il était plus difficile de rassembler des différentes parties du monde, cent, deux cents colonnes que d’enclore de murailles cinq ou six arpents de terrain, de ménager des contreforts dans l’intérieur, de leur donner un chapiteau et une base, et de couronner le tout d’un entablement. Il ne nous en coûte pas plus aujourd’hui de donner soixante pieds à un pilastre, que de lui en donner seulement trente. Il n’en était pas ainsi des colonnes, etc. » Pour répondre à cela, il suffit de rappeler que les anciens introduisirent constamment le pilastre dans leurs cirques, dans leurs thermes, dans leurs théâtres, en un mot, dans tous les édifices qu’ils voulaient rendre spacieux, et probablement ils avaient alors la prétention de faire d’aussi vraie, d’aussi belle architecture, que lorsqu’ils mettaient en œuvre des colonnes.