Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/749

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tienne, les agapes fraternelles avaient remplacé les hécatombes et les lectisternes auxquels ne prenaient part que les prêtres et quelques matrones privilégiées, tandis que le peuple s’arrêtait devant la porte de la cella. Le sacrifice ne se faisait plus par un citoyen et sa famille ; des milliers de fidèles offraient en commun l’holocauste divin, chantaient en commun les louanges du Seigneur, et recueillaient les enseignements de ses ministres. L’immensité des églises, il nous semble, s’explique par cette simple cause d’une assemblée considérable réunie pour écouter la parole évangélique, mieux que par l’adoption des pilastres et le rejet des colonnes, puisque d’ailleurs on voit souvent ces dernières dans les constructions chrétiennes.

Dès qu’il fut permis à la nouvelle religion d’abandonner les sombres catacombes et de se montrer au grand jour, elle songea à s’installer dans des édifices qui répondissent, de tous points, au noble usage auquel elle les destinait. L’étroite et mystérieuse cella des idoles ne devait point lui convenir ; il lui fallait des salles assez spacieuses pour recevoir les flots toujours croissants des fidèles ; il lui fallait des salles soigneusement fermées où la voix des chefs spirituels pût se faire entendre de tous. Mais dans l’état déplorable de dissolution où étaient les arts depuis longues années, quel homme se fût rencontré capable de créer l’édifice que réclamaient les chrétiens ? L’imitation devenait pour eux une loi impérieuse. Parmi tous les monuments de l’antiquité, ils choisirent donc pour modèle la basilique