Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/783

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pour être autorisé à dire qu’il y était né. Pourquoi alors ne pas le faire naître, au dixième siècle, en Italie, puisqu’on l’y découvre à l’état de fœtus ? L’art, comme l’individu, connaît les diverses périodes de la naissance, du développement, de l’épanouissement et de la fin. L’art, comme l’individu, possède aussi la faculté génératrice. L’art grec procède de l’art égyptien, de même que l’art romain procède de l’art grec, de même que l’art égyptien procède de l’art oriental, enfant de la lumière, aïeul de tous les arts.

Mais il est inutile de nous arrêter davantage sur l’origine de l’art, qui n’est autre que celle de l’humanité, et, sans plus nous en préoccuper, nous allons essayer de faire comprendre quels ont été le caractère, la destination, l’allure et les principales vicissitudes de la sculpture, dans les contrées où nous avons déjà étudié les diverses fortunes de l’architecture.

Toutefois, avant d’entrer en matière, il ne sera peut-être pas inutile d’avertir que, de propos délibéré et non par oubli, nous ne tiendrons aucun compte des blocs informes que quelques écrivains ont confondus à grand tort avec les premières productions de l’art statuaire, telles que les pierres mobiles de la Chine, les pierres debout de la Bretagne et du Poitou, la Cybèle de Pessinonte, la Minerve de Mégalopolis, le Cupidon de Thespis, l’Apollon de Mégare, le Jupiter de Sicyone, la Vénus de Paphos : pierres pyramidales dont le ciseau n’a jamais approché, grossiers symboles jadis vénérés par les