Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/785

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souleva seul dans les cœurs l’idée du pouvoir régulateur. Sans l’appareil déployé primitivement par l’art, les anciennes religions symboliques n’auraient probablement pas tardé à perdre leur empire sur des esprits auxquels il était défendu de scruter les dogmes. Aussi, devant les premières statues indoues, égyptiennes, grecques et gauloises, aux gigantesques proportions, au galbe mystérieux et uniforme, les fronts se courbaient, la raison se taisait.

En Orient, la sculpture sembla condamnée à servir exclusivement la pensée religieuse et politique. Esclave soumise et dévouée, elle rendit fidèlement les formules destinées à consacrer et à affermir les croyances et les liens sociaux que travaillait à imposer aux masses la puissante théocratie qui s’étendait sur l’Inde et l’Égypte. Rien n’était plus propre d’ailleurs à entretenir leurs espérances, que ces hiéroglyphes où perçait la préoccupation d’une autorité secrète et sans bornes, où dominait l’idéal. Les types énigmatiques creusés dans les rochers de Salcette, d’Illoura, de Mahabalipuram, de Chalembrom, de Schiagrenah, de Keylas ; les figures emblématiques, supports merveilleux des sept pagodes ; les colosses, les sphinx de la nécropole d’Osymandias, les avenues de Spinas, de Karnak et de Memphis, fournissaient ample satisfaction à l’inquiétude fiévreuse de ces peuples. Ces œuvres, que l’on serait tenté de regarder comme les fruits d’un conte, si leurs restes ne témoignaient pas de leur réalité, exigèrent le concours de toutes les forces morales et matérielles que peuvent donner la foi et la puissance. Il fallut