Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/786

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que les doctrines du législateur fussent émises par lui avec foi, traduites par l’artiste avec foi, accueillies par le peuple avec foi. Il fallut que le législateur répandît dans le sein de la société des semences de vie et de durée, que le peuple fût confiant dans les institutions, que l’artiste eût conscience du but divin de son ouvrage, autant que de la divinité de l’objet qui l’inspirait. L’art résuma dans toute sa plénitude la pensée dominante de l’Orient. Tout partait du culte, tout retournait au culte. La sculpture, comme les autres arts, s’y fondit tout entière. Elle n’en fut qu’une des formes ; sa beauté n’en fut que le reflet et le rayonnement.

Si majestueux que fût l’horizon concédé à la sculpture, il était borné. Tenu en chaîne par une ombrageuse théocratie, l’art statuaire ne pouvait franchir certaines limites ; il lui était interdit de soulever le voile derrière lequel se tenait la sainte personnalité humaine. L’atmosphère mystique où on l’avait relégué lui était lourde. Il songea à briser le le frein brutal qui le blessait. Il tourna son regard vers la terre ; l’humanité lui tendait les bras, il s’y jeta. Dans cet embrassement généreux, il se réchauffa, il puisa une vigueur, une sève nouvelles, pour parcourir une route nouvelle et plus large, pour accomplir une mission nouvelle et plus harmonique, pour créer un idéal nouveau plus sympathique et plus lumineux. De cette étreinte féconde naquit l’art grec fier et progressif. La révolte à laquelle les peuples applaudirent enfanta la liberté. De la victoire remportée sur l’immobilité et la mort sor-