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monstrueuses idoles de l’Indus et du Nil, sous la verge de leurs ministres. Le règne de l’homme réhabilité, triomphant, était donc arrivé. L’art ne se fatigua plus en vaines recherches de la beauté : le corps humain la lui offrit complète. Les dieux, pour être glorifiés, furent forcés de prendre la forme, les vertus et même les vices des hommes, et de se plier aux variétés infinies de leurs types divers. En revanche, les hommes se placèrent dans la hiérarchie du ciel.

Cette époque glorieuse où l’art s’étala au soleil dans toute sa pompe, sa splendeur, sa force et sa majesté, peut se désigner sous le nom de la renaissance de Phidias, et se comparer à la renaissance moderne. Au siècle suivant, toutes les natures, tous les âges, tous les caractères, toutes les passions, en un mot toutes les manifestations du monde extérieur se trouvèrent acceptés, ennoblis, exprimés par l’art. Les temples, les portiques, les rues, les places publiques, les maisons des citoyens se remplirent d’un peuple de statues qui répondaient avec une magnifique harmonie à toutes les tendances de l’humanité.

Ce prodigieux mouvement, opéré par Phidias, continué par Praxitèle et Lysippe, fut admirablement servi par Périclès et Alexandre. À peine le soldat macédonien est-il proclamé par l’oracle d’Ammon fils de Jupiter, que se multiplient de toutes parts, d’une manière vraiment fabuleuse, les statues équestres, les quadriges, les groupes en marbre, en ivoire, en airain, en argent, en or. C’est alors que