Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/907

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phane dont le poète a revêtu les plus hauts secrets de la philosophie. On rit aujourd’hui de ces conférences où l’esprit platonico-dantesque régnait en despote ; mais on oublie qu’après tout c’est de là que partirent les premières attaques contre la scholastique, mais on oublie que de ce foyer d’érudition profonde et de philosophisme mystique sortit l’amour des études morales, scientifiques et poétiques, en même temps que la liberté de penser dont les ailes s’étendirent sur toute l’Europe.

Si l’on joint aux talents si variés que Leon-Battista dut au travail, les qualités de cœur que la nature lui prodigua, on reconnaîtra en lui un de ces hommes malheureusement trop rares sur notre terre. On cite de lui mille traits de bonté, de générosité et de désintéressement sans exemple. Il nous faudrait plus de temps et plus de marge que nous n’en avons pour épuiser tous les détails que sa vie si pleine pourrait nous fournir ; mais notre récit, si incomplet qu’il soit, suffit pour prouver que nous n’avons pas eu tort de considérer Alberti comme l’encyclopédiste par excellence de son époque. Il y a en lui seul assez d’étoffe pour rendre vingt hommes célèbres.

Architecte, peintre, sculpteur, graveur, perspectiviste, musicien, orateur, poëte, critique, historien, moraliste, physicien, mathématicien, Leon-Battista Alberti serait unique dans l’histoire, si Léonard de Vinci n’eût point existé.