Page:Verlaine - Jadis et Naguère, 1891.djvu/156

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« Et c’est la fleur du jardin d’ici-bas !
« Malheur à ceux qui ne l’adorent pas !
« Car, non contents de renier leur être.
« Ils s’en vont reniant le divin maître,
« Jésus fait chair qui mourut sur la croix,
« Jésus fait chair qui de sa douce voix
« Ouvrait le cœur de la Samaritaine,
« Jésus fait chair qu’aima la Madeleine ! »

À ce blasphème effroyable, voilà
Que le ciel de ténèbres se voila.
Et que la mer entrechoqua les îles.
On vit errer des formes dans les villes.
Les mains des morts sortirent des cercueils.
Ce ne fut plus que terreurs et que deuils,
Et Dieu voulant venger l’injure affreuse
Pris sa foudre en sa droite furieuse
Et maudissant don Juan, lui jeta bas
Son corps mortel, mais son âme, non pas !

Non pas son âme, on l’allait voir ! Et pâle
De male joie et d’audace infernale,
Le grand damné, royal sous ses haillons.
Promène autour son œil plein de rayons,