Page:Verlaine - Jadis et Naguère, 1891.djvu/95

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Sur ce, dans ses courroux épiques
La jeune bande s’avança,
Gaie et sereine sous les piques,
Et la bataille commença.

« Ah, ce fut une chaude affaire :
Cris confus, choc d’armes, le tout
Pendant une journée entière
Sous l’ardeur rouge d’un ciel d’août.

« Le soir. — Silence et calme. À peine
Un vague moribond tardif
Crachant sa douleur et sa haine
Dans un hoquet définitif ;

« À peine, au lointain gris, le triste
Appel d’un clairon égaré.
Le couchant d’or et d’améthyste
S’éteint et brunit par degré.

« La nuit tombe. Voici la lune !
Elle cache et montre à moitié
Sa face hypocrite comme une
Complice feignant la pitié.