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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

Toutefois, en s’approchant de la toilette, M. Stepark observa que la cuvette contenait de l’eau avec quelques bulles savonneuses à sa surface.

— À supposer, dit-il, que vingt-quatre heures se fussent écoulées depuis que l’on s’est servi de cette eau, les bulles seraient dissoutes. D’où je conclus que notre homme a fait sa toilette ici-même, ce matin, avant de sortir.

— Aussi est-il possible qu’il rentre, répétai-je, à moins qu’il n’aperçoive vos agents.

— S’il voit mes agents, mes agents le verront, et ils ont ordre de me l’amener. Mais je ne compte guère qu’il se laisse prendre.

En ce moment, on entendit un bruit comme le craquement d’un parquet mal assujetti sur lequel on marche. Ce bruit semblait venir de la pièce à côté, au-dessus du cabinet de travail.

Il existait une porte de communication entre la chambre à coucher et cette pièce, ce qui évitait de revenir au palier pour passer de l’une à l’autre.

Avant le chef de police, le capitaine Haralan s’élança d’un bond vers cette porte, l’ouvrit brusquement…

Mais nous nous étions trompés. Il n’y avait personne.

Il était possible, après tout, que ce bruit fût venu de l’étage supérieur, c’est-à-dire du grenier par lequel on accédait au belvédère.

Cette seconde chambre était encore plus sommairement meublée que la première, un cadre tendu d’une sangle de forte toile, un matelas très aplati par l’usage, de gros draps rugueux, une couverture de laine, deux chaises dépareillées, un pot à eau et une cuvette de grès sur la cheminée dont l’âtre ne renfermait pas la moindre parcelle de cendres, quelques vêtements d’étoffe épaisse accrochés aux patères d’un portemanteau, un bahut, ou plutôt un coffre de chêne, qui servait à la fois d’armoire et de commode, et dans lequel M. Stepark trouva du linge en assez grande quantité.