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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

Cette chambre était évidemment celle du vieux serviteur Hermann. Le chef de police savait d’ailleurs, par les rapports de ses agents, que si la fenêtre de la première chambre à coucher s’ouvrait quelquefois pour l’aération, celle de cette seconde chambre donnant aussi sur la cour demeurait invariablement fermée. On put le constater matériellement en examinant l’espagnolette, d’un jeu très difficile, et les ferrures des persiennes, mangées de rouille.

En tout cas, ladite chambre était vide, et pour peu qu’il en fût ainsi du grenier, du belvédère et de la cave située sous la cuisine, c’est que, décidément, le maître et le serviteur avaient quitté la maison et peut-être avec l’intention de n’y plus rentrer.

— Vous n’admettez pas, demandai-je à M. Stepark, que Wilhelm Storitz ait pu être informé de cette perquisition ?

— Non, à moins qu’il n’ait été caché dans mon cabinet, monsieur Vidal, ou dans celui de son Excellence, lorsque nous causions de cette affaire !

— Quand nous sommes arrivés sur le boulevard Tékéli, il est possible qu’ils nous aient aperçus.

— Soit ! mais comment seraient-ils sortis ?

— En gagnant la campagne par derrière.

— Ils n’auraient pas eu le temps de passer par dessus les murs du jardin, qui sont très élevés, et, de l’autre côté, d’ailleurs, c’est le fossé des fortifications qu’on ne peut franchir.

L’opinion du chef de police était donc bien que Wilhelm Storitz et Hermann étaient déjà hors de la maison avant que nous y fussions entrés.

Nous sortîmes de cette chambre par la porte du palier. À l’instant précis où nous attaquions la première marche pour monter au second étage, nous entendîmes tout à coup l’escalier réunissant le premier au rez-de chaussée craquer fortement, comme si quelqu’un l’eût monté ou descendu à pas rapides. Presque aussitôt, il y eut un bruit de chute suivi d’un cri de douleur.