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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

parurent dénuées de sens, et je me contentai de regarder le Chef de Police d’un air stupide. Avais-je entendu seulement ? J’étais complètement désemparé, à bout de force et d’énergie, et il n’y avait rien à tirer de moi en ce moment.

Vers huit heures, le Gouverneur vint assurer au docteur que tout serait fait dans le but de retrouver sa fille. M. Roderich et moi eûmes un sourire d’amère incrédulité. Que pouvait le Gouverneur, en vérité ?

Cependant, dès les premières heures de la matinée, la nouvelle de l’enlèvement avait couru les divers quartiers de Ragz, et, l’effet qu’elle produisit, je renonce à le dépeindre.

Avant neuf heures, le lieutenant Armgard se présenta à l’hôtel et se mit à la disposition de son camarade. Pourquoi faire, grand Dieu !

Il est à croire que le capitaine Haralan n’estima pas comme moi inutile cette offre amicale, car il remercia brièvement son camarade. Puis, se coiffant de son kolbach, bouclant le ceinturon de son sabre, il ajouta cet unique mot :

« Viens. »

Pendant que les deux officiers se dirigeaient vers la porte, je fus pris d’un irrésistible désir de les suivre. Je proposai à Marc de nous accompagner. Me comprit-il ? Je ne sais. En tous cas, il ne me fit aucune réponse.

Quand je sortis, les deux officiers étaient déjà sur le quai. Les rares passants regardaient l’hôtel avec un effroi mêlé d’horreur. N’était-ce pas de là que s’échappait cette tempête d’épouvante qui bouleversait la ville ?

Lorsque je rejoignis le lieutenant Armgard et le capitaine Haralan, ce dernier me regarda, mais on ne m’aurait pas étonné en m’affirmant qu’il ne s’était pas aperçu de ma présence.

« Vous venez avec nous, monsieur Vidal ? me demanda le lieutenant Armgard.

— Oui. Vous allez ?…