Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/10

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

on se répétait l’histoire de Kamylk-Pacha, la lettre reçue par Thomas Antifer, l’arrivée du mandataire annoncée par cette lettre, l’établissement de la longitude et de la latitude d’un îlot, le trésor invraisemblable de cent millions — cent milliards, disaient même les mieux informés. Aussi, avec quelle impatience on guettait la nouvelle de la découverte, et le retour de ce capitaine caboteur transformé en nabab, ramenant au port une cargaison de diamants et de pierres précieuses !

Énogate n’en demandait pas tant. Que son fiancé, son oncle, son ami, revinssent, même les poches vides, elle serait satisfaite, elle remercierait Dieu, et sa profonde tristesse se changerait en une joie immense.

La jeune fille, cependant, n’était pas sans avoir reçu les lettres de Juhel. Une première, datée de Suez, lui relatant les détails du voyage depuis leur séparation, marquait l’état moral de son oncle dont la nervosité allait toujours croissant, l’accueil fait à Ben-Omar et à son clerc, exacts tous les deux au rendez-vous assigné. Une deuxième lettre, datée de Mascate, narrait les incidents de la navigation à travers l’océan Indien jusqu’à la capitale de