Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/110

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elle pas un plan combiné d’avance ?… Quel plan ?… Ne pouvait-on s’attendre aux plus étranges combinaisons avec deux compères de ce tempérament ?…

Cependant, après avoir serré la main de Juhel, le gabarier était rentré dans sa chambre. Là avant de se déshabiller, il ouvrit largement sa fenêtre, désireux de respirer un peu de ce bon air algérien. À la pâle clarté des étoiles, il entrevit un vaste espace, toute la rade jusqu’au cap Matifou, et sur laquelle brillaient des fanaux de navires, les uns mouillés, les autres atterrissant avec la brise du soir. Puis le littoral s’illuminait des feux de la pêche aux flambeaux. Plus près, dans le port, chauffaient de sombres paquebots en partance dont les larges cheminées s’empanachaient d’étincelles.

Au-delà du cap Matifou, se développait la pleine mer, limitée par un horizon sur lequel de splendides constellations montaient comme un bouquet d’artifices.

La journée prochaine serait magnifique, si l’on s’en rapportait aux promesses de la nuit. Le soleil se lèverait radieusement, éteignant les dernières étoiles du matin.