Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/120

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Plus loin, c’est la côte marocaine qui se développe sur bâbord, avec son lointain profil de montagnes, dominant cette giboyeuse contrée du Riff. À l’horizon apparut Tétuan tout éclatante sous les rayons solaires, puis, à quelques milles dans l’ouest, Ceuta, campé sur son rocher, entre deux criques, comme un fort qui commande ce battant de porte de la Méditerranée dont l’autre battant est sous la clef de l’Angleterre. Enfin, au large du détroit, apparut l’immense Atlantique.

Les croupes boisées du littoral marocain se dessinèrent. Au-delà de Tanger, caché derrière une courbure de son golfe, des villas au milieu des arbres verts, plusieurs marabouts s’en détachant avec une vigueur crue qui éblouissait. La mer était animée par nombre de bâtiments voiliers, attendant que le vent leur permit d’embouquer le détroit de Gibraltar.

Le Catalan n’avait pas de ces retards à craindre. Ni la brise, ni ce courant, reconnaissable à un singulier clapotis aux abords de l’entonnoir méditerranéen, ne pouvaient lutter contre sa puissante hélice, et, vers les neuf heures du soir, il battait de sa triple branche la mer atlantique.