Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/121

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Le gabarier et Juhel causaient sur la dunette, avant d’aller s’accorder quelques heures de repos. Tout naturellement, la même pensée leur vint à l’esprit, au moment où le Catalan, mettant le cap au sud-ouest, contournait l’extrême pointe de la terre d’Afrique, — une pensée de regret.

« Oui, mon garçon, dit Gildas Trégomain, il eût été très préférable, au sortir du détroit, de venir sur tribord au lieu de venir sur bâbord ! Au moins nous ne tournerions pas les talons à la France…

— Et pour aller où ?… répondit Juhel.

— Au diable, j’en ai peur ! répliqua le gabarier. Que veux-tu, Juhel, mieux vaut endurer son mal en patience ! On revient de partout, même de chez le diable !… Dans quelques jours, nous serons à Dakar, et de Dakar au fond du golfe de Guinée…

— Qui sait si nous trouverons immédiatement à Dakar un moyen de transport ?… Il n’existe pas de service régulier au-delà… Nous pouvons être retardés pendant des semaines, et, si mon oncle s’imagine…

— Il se l’imagine, n’en doute pas !

— Qu’il lui sera facile d’atteindre son îlot