Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/122

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numéro deux, il se trompe ! Savez-vous à quoi je pense, monsieur Trégomain ?

— Non, mon garçon, mais si tu veux me le dire…

— Eh bien, je pense que mon grand-père Thomas Antifer aurait dû laisser ce damné Kamylk sur les roches de Jaffa…

— Oh ! Juhel, ce pauvre homme…

— S’il l’y avait laissé, cet Égyptien n’aurait pu léguer ses millions à son sauveteur, et, s’il ne lui avait pas légué ses millions, mon oncle ne serait pas à courir après, et Énogate serait ma femme !

— Ça, c’est vrai, répondit le gabarier. Mais si tu avais été là, toi, Juhel, tu aurais sauvé la vie à ce malheureux pacha, tout comme l’a fait ton grand-père ! — Tiens, ajouta-t-il en montrant un point brillant d’une vive lueur sur bâbord, et pour détourner la conversation, quel est ce feu ?

— C’est le feu du cap Spartel », répondit le jeune capitaine.

En effet, c’était ce phare qui, placé à l’extrémité ouest du continent africain, et entretenu aux frais des divers États de l’Europe, est le plus avancé de ceux dont les éclats se projettent à la surface des mers africaines.