Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/135

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à l’extrême épouvante de Ben-Omar. Après avoir médité de faire le coup au retour de Sohar à Mascate avec l’aide de coquins à son service, il essaierait, cette fois, de l’accomplir au retour de Ma-Yumba à Loango par des moyens identiques. Certainement ses chances seraient plus sérieuses. Parmi les indigènes de la province, ou chez ces agents interlopes des factoreries, il saurait recruter de ces gens capables de tout, même de verser le sang, et qui s’associeraient, moyennant finances, à sa criminelle opération.

Et c’est bien cette perspective dont s’effrayait le pusillanime Ben-Omar, sinon par un excès de délicatesse, du moins par la crainte d’être mêlé à quelque mauvaise affaire, — ce qui ne lui laissait plus un instant de répit.

Et alors il essayait de timides observations. Il affirmait que maître Antifer et ses compagnons étaient hommes à vendre chèrement leur vie. Il insistait sur ce point que, tout en les payant bien, on ne pouvait compter sur les coquins qu’emploierait Saouk, qu’ils parleraient tôt ou tard, que l’attentat s’ébruiterait dans le pays, qu’on finissait toujours par savoir la vérité même au milieu de ces contrées sauvages, lorsqu’il s’agissait des explorateurs