Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/136

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massacrés sur les territoires les plus reculés de l’Afrique, qu’on ne pouvait jamais être assuré du secret… Il est visible que toute cette argumentation ne découlait pas de la criminalité de l’acte, mais de la peur qu’il fût découvert un jour, — les seules raisons qui auraient pu arrêter un homme tel que Saouk.

Au fond, cela ne le touchait nullement… Il en avait vu et fait bien d’autres !… Et, jetant au notaire un de ces regards qui le glaçaient jusqu’à la moelle des os :

« Je ne connais qu’un imbécile, répondait-il, un seul qui serait capable de me trahir !

— Et qui donc, Excellence ?…

— Toi, Ben-Omar !

— Moi ?

— Oui, et prends garde, car je sais un moyen sûr d’obliger les gens à se taire ! »

Ben-Omar, tremblant de tous ses membres, baissait la tête. Un cadavre de plus sur la route de Ma-Yumba à Loango, ce n’était pas pour embarrasser Saouk, il le savait de reste.

Le paquebot attendu mouilla dans la matinée du 12 mai au port de Dakar. C’était le Cintra, un navire portugais, affecté au transport des voyageurs et des marchandises à