Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/137

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destination de Saint-Paul-de-Loanda, l’importante colonie lusitanienne de l’Afrique tropicale. Il faisait régulièrement relâche à Loango, et, comme il partait le lendemain dès le jour levant, nos voyageurs se hâtèrent d’y retenir leurs places. Avec sa vitesse moyenne de neuf à dix milles, la traversée devait durer une semaine, pendant laquelle Ben-Omar s’attendait à tous les affres du mal de mer.

Le lendemain, ayant laissé à Dakar un certain nombre de passagers, le Cintra sortit du port par un beau temps, la brise venant de terre. Maître Antifer et le banquier poussèrent un immense soupir de satisfaction, comme si leurs poumons n’eussent pas fonctionné depuis une semaine. C’était leur dernière étape, avant de mettre le pied sur l’îlot numéro deux, et la main sur le trésor qu’il leur gardait fidèlement dans ses entrailles. L’attraction que cet îlot exerçait sur eux semblait d’autant plus puissante qu’ils s’en approchaient davantage, conformément aux lois naturelles et en raison inverse du carré des distances. Et, à chaque tour d’hélice du Cintra, cette distance décroissait… décroissait…

Hélas ! elle s’accroissait au contraire pour Juhel. Il s’éloignait de plus en plus de cette