Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/139

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Quelqu’un dont la surprise égala la satisfaction, il faut le reconnaître, ce fut le notaire Ben-Omar. Prétendre qu’il ne ressentît aucun malaise pendant cette traversée du Cintra, ce serait exagérer. Toutefois, ces grandes souffrances qu’il avait subies antérieurement lui furent épargnées. La navigation s’opérait dans des conditions excellentes, favorisée par un léger vent de terre. La mer restait calme le long du littoral que le Cintra longeait à deux ou trois milles, et c’est à peine si elle ressentait les houles du large.

Et même, ces conditions ne se modifièrent pas, lorsque le paquebot eut doublé le cap des Palmes, à l’extrême pointe du golfe de Guinée. En effet, ainsi que cela se produit souvent, la brise suivait le contour des côtes, et le golfe fut aussi propice que l’avait été l’Océan. Et, cependant, le Cintra dut perdre de vue les hauteurs du continent, en prenant direction sur Loango. On ne vit rien des territoires des Achantis ni du Dahomey, pas même la cime de ce mont Cameroun qui se dresse à une altitude de trois mille neuf cent soixante mètres par-delà l’île Fernando-Po, sur les confins de la Haute-Guinée.