Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/145

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vigué autrefois — âgé d’une cinquantaine d’années alors, — commandait un boutre de fort tonnage, le Portalègre, qui faisait le service de la côte au compte des négociants du pays.

Ce Barroso, avec un passé tel que le sien, une conscience si parfaitement dépourvue de scrupules, une audace acquise au cours de ses anciens métiers, était juste l’homme qu’il fallait à Saouk pour mener à bonne fin ses criminelles machinations. Arrêtés au pied de ce baobab, dont les bras de vingt hommes n’eussent pas entouré le tronc, — qu’était-ce auprès du fameux banian de Mascate ? — tous deux purent causer sans crainte d’être entendus, et de choses menaçantes pour la sécurité de maître Antifer et de ses compagnons.

Après que Saouk et Barroso se furent réciproquement raconté leur existence depuis l’année où le Portugais avait quitté l’Égypte, Son Excellence en vint au fait sans ambages. Par prudence, si Saouk se garda de faire connaître l’importance du trésor qu’il prétendait s’approprier, du moins amorça-t-il la cupidité de Barroso avec l’appât d’une somme considérable.