Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/154

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Bretons des bords de la Rance ne ressemblent guère à ces indigènes demi-nus, armés d’arcs, de sabres de bois et de haches arrondies. Le roi de Loango, affublé d’un vieil uniforme ridicule, ne rappelle que de très loin le préfet d’Ille-et-Vilaine. Les bourgs entre Saint-Malo et Dinan ne possèdent point de ces cases, abritées de cocotiers gigantesques. Enfin les Malouins ne sont pas polygames, comme ces paresseux de Congolais qui laissent tous les gros ouvrages à leurs femmes, et se couchent lorsque celles-ci sont malades. Seulement, les terres de la Bretagne ne valent pas les terres du Loango. Ici, il suffit de remuer le sol pour en obtenir de superbes récoltes, ce « manfrigo » ou millet dont les épis pèsent un kilogramme, ce « holcus » qui pousse sans culture, ce « luco » qui sert à la fabrication du pain, ce maïs, qui donne trois moissons par année, le riz, les patates, le manioc, le « tamba », espèce de panais, les « insanguis » ou lentilles, le tabac, des cannes à sucre dans les parties marécageuses, des vignes au voisinage du Zaïre, importées des Canaries et de Madère, des figues, des bananes, des oranges nommées « mambrochas », des citrons, des grenades, des