Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/166

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quelques barques de pêche, semblables à de gros oiseaux blancs.

Quel calme régnait à la surface de cette baie ! Un canot n’eût pas été plus tranquille à la surface d’un lac… que disons-nous ?… à la surface d’un étang, et même d’une immense jatte d’huile ! L’averse des rayons solaires, qui tombait à pic sur ces parages, embrasait l’espace. Gildas Trégomain ruisselait comme la fontaine d’un parc royal, un jour de grandes eaux.

Le Portalègre approchait, cependant, grâce à quelques souffles intermittents, venus de l’ouest. Les îlots de la baie s’accusèrent plus nettement. On en comptait de six à sept, pareils à des corbeilles de verdure.

À six heures du soir, le boutre était par le travers de cet archipel. Maître Antifer et Zambuco se tenaient debout à l’avant. Saouk, s’oubliant un peu, ne pouvant maîtriser son impatience, justifiait par son attitude les soupçons de Juhel. Ces trois hommes dévoraient des yeux le premier de ces îlots. S’attendaient-ils donc à voir jaillir de ses flancs une gerbe de millions comme d’un cratère d’or ?…

Et, cependant, s’ils avaient su que l’îlot dans