Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/176

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naître, l’îlot, mesurant deux milles de long sur un mille de large, était recouvert d’arbres des diverses essences communes à cette latitude tropicale. Nul doute que ces arbres ne produisissent des fruits comestibles, ce qui assurait la subsistance de la bande des quadrumanes. Or, en fait de fruits, de racines, de légumes, ce que des singes mangent, des hommes doivent pouvoir le manger. C’est ce dont Juhel, le gabarier et les matelots du Portalègre voulurent se rendre compte d’abord. Après un naufrage, après une nuit sans nourriture, il est permis d’avoir faim et de chercher à se satisfaire, si cela se peut.

Le sol produisait, à l’état sauvage il est vrai, quantité de ces fruits et de ces racines.

Les dévorer crus n’est pas très régalant à moins qu’on ne possède un estomac de singe. Mais il n’est pas défendu de les faire cuire, si l’on est en mesure de se procurer du feu.

Or, n’est-ce donc pas, sinon facile, du moins possible, quand on a des allumettes de la régie française ? Par bonne chance, Nazim avait renouvelé sa provision à Loango, et l’étui de cuivre qui la renfermait n’avait point été