Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/215

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riches ou tout au moins leurs richesses, et, on le voit, il n’y allait pas de main morte.

C’était, au moral, une sorte d’illuminé, aussi sévère pour lui-même que pour les autres. C’était, au physique, un homme de cinquante ans, grand, maigre, figure émaciée, face glabre, une flamme dans le regard, la physionomie d’un apôtre, la voix pénétrante d’un frère prêcheur. Son entourage le disait inspiré du souffle du Très-Haut. Cependant, si les fidèles se pressaient à ses sermons, si on l’écoutait avec ardeur, il n’est pas prouvé qu’il eût jamais fait nombre de prosélytes, et peu ou point s’étaient jusqu’alors décidés à mettre ses doctrines en pratique par le dépouillement absolu des biens terrestres.

Aussi, le révérend Tyrcomel redoublait-il d’efforts, accumulant sur la tête de l’auditoire ces nuages chargés d’électricité d’où jaillissaient les foudres de son éloquence.

Le sermon continua de plus belle, et les tropes, les métaphores, les antonymies, les épiphonèmes, pétris par une imagination fulgurante, y pullulèrent avec une incomparable audace. Mais si les têtes se courbaient, les poches n’éprouvaient guère, semble-t-il, le