Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/241

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En tous les cas, ce ne fut pas lui qui prit d’abord la parole. Tandis que ses trois visiteurs formaient un groupe au fond de la chambre, le révérend Tyrcomel se plaça en face d’eux dans l’attitude du prêcheur. Persuadé que ces gens-là venaient de leur plein gré se soumettre à ses doctrines, il ne songeait qu’à leur renouveler éloquemment ses principes.

« Mes frères, dit-il en joignant les mains dans un élan de reconnaissance, je remercie l’auteur de toutes choses de m’avoir départi ce don de persuasion, qui m’a permis de faire pénétrer jusqu’au fond de vos âmes le dédain de la fortune et le détachement des richesses terrestres… »

Il fallait voir la figure des deux héritiers à cette exorde !

« Mes frères, continua le clergyman, en détruisant les trésors que vous possédez…

— Que nous ne possédons pas encore ! fut tenté de s’écrier l’oncle de Juhel.

— … Vous donnerez un admirable exemple, qui sera suivi de tous ceux dont l’esprit est capable de s’élever au-dessus des matérialités de la vie… »