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bains de mer, pour entrevoir un premier indice de couleur orientale.

Mais la couleur orientale, voilà ce dont ne se préoccupait guère Pierre-Servan-Malo, ni des légendes qu’ont laissées les Régulus, les Scipion, les César, les Caton, les Marius, les Annibal ! Connaissait-il seulement les noms de ces gros personnages ? Par ouï-dire, tout au plus, comme le bon Trégomain qui s’en tenait aux gloires de sa ville natale, et cela suffisait à son amour-propre. Seul, Juhel aurait pu s’abandonner à ces souvenirs historiques, s’il n’eût été trop inquiet des soucis du présent. C’était le cas de dire de lui ce qu’on dit dans le Levant d’un homme distrait : « Il cherche son fils qu’il porte sur ses épaules. » Ce qu’il cherchait, lui, c’était sa fiancée avec le chagrin de s’éloigner d’elle.

Après avoir traversé la Goulette, maître Antifer, le gabarier et Juhel, leur valise à la main — ils comptaient en renouveler le contenu à Tunis, — vinrent attendre le premier train devant la gare. Ben-Omar et Nazim les suivaient à distance. Maître Antifer n’ayant point desserré les dents, ils ne savaient rien de ce banquier Zambuco que le caprice de Kamylk-Pa-