Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/263

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Il est facile d’imaginer ce que fut le succès du premier sermon qu’il prononça à Tron Church, au lendemain de ces révélations. Dans la soirée du 30 juin, les fidèles étaient accourus en foule. On s’écrasait littéralement à l’intérieur de cette église, trois fois trop petite, et sur le carrefour dont les rues s’ouvrent devant sa façade. Lorsque le prédicateur parut en chaire, il y eut un tonnerre d’applaudissements. On se serait cru au théâtre, à l’instant où le rideau se relève sur un artiste rappelé par les hurrahs enthousiastes de la salle. Cent millions, deux cents millions, trois cents millions — on finirait par arriver au milliard, — voilà ce que représentait ce phénoménal Tyrcomel et ce dont il faisait fi ! Et il recommença son discours habituel, où l’on remarqua cette phrase, dont l’effet fut prodigieux :

« Un homme est là, qui, d’un seul mot pourrait faire sortir des entrailles du sol des millions par centaines, et, ce mot, il ne le dira pas ! »

Cette fois, et pour cause, maître Antifer et ses compagnons ne se trouvaient point parmi les assistants. Mais, derrière un des piliers de