Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/264

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la nef, on aurait pu remarquer un auditeur de type étranger que personne ne connaissait, trente à trente-cinq ans au plus, cheveux et barbe noirs, traits durs, physionomie peu rassurante. Comprenait-il la langue que parlait le révérend Tyrcomel ? nous ne saurions l’affirmer. Quoi qu’il en soit, debout, dissimulé dans la pénombre, il dévisageait le prédicateur. Ses yeux, allumés de flammes, ne le perdaient pas de vue.

Cet homme garda cette attitude jusqu’à la fin du sermon, et, lorsque les dernières paroles eurent soulevé les applaudissements de l’auditoire, il s’ouvrit passage à travers la foule, afin de se rapprocher du clergyman. Voulait-il donc s’attacher à ses pas, l’accompagner hors de l’église, jusqu’à sa maison de la Canongate ? Cela n’est que trop certain, puisqu’il joua des coudes avec une incomparable vigueur sur les marches du porche.

Ce soir-là, le révérend Tyrcomel ne devait pas revenir seul à son domicile. Un millier de personnes lui faisait cortège, prêtes à le porter en triomphe. Le personnage susdit se tenait derrière lui, sans mêler ses cris à ceux de ces enthousiastes.