Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/317

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golfe d’Oman jusqu’aux dernières recherches pratiquées dans la mer Arctique, c’est que le trésor resterait certainement enfoui là où son malavisé propriétaire l’avait confié aux entrailles d’un îlot. De cela, il n’y aurait qu’un homme, un seul, à ne point s’en plaindre, et même à en remercier le ciel : ce serait le révérend Tyrcomel. Rien qu’à un franc la pièce, que de millions de péchés eussent été commis en ce bas monde, si les richesses du pacha se fussent répandues sur la fragile humanité !

Cependant les jours s’écoulaient. Juhel et Énogate auraient joui d’un bonheur sans mélange, n’eût été l’état véritablement lamentable de leur oncle. D’autre part, le jeune capitaine ne voyait pas s’approcher sans un serrement de cœur le moment où il devrait quitter sa chère femme, sa famille, ses amis. La construction du trois-mâts-barque de la maison Le Baillif avançait, et l’on sait que le commandement en second de ce navire était réservé à Juhel. Belle et bonne position, à son âge. Six mois encore, et il aurait pris la mer pour un voyage aux Indes.

Juhel s’entretenait souvent de ces choses