Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/350

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connu, et, par le ciel ! il l’était bien celui qui venait de paraître en juin pour disparaître en décembre ! Et, maintenant, c’était à une centaine de mètres au fond de cet abîme que gisait le précieux trésor !… Ces millions que le révérend Tyrcomel aurait voulu engloutir, c’était la nature qui avait accompli cette œuvre moralisatrice, et il n’était plus à craindre qu’ils se répandissent jamais sur le monde !…

Et ce qu’il faut dire, c’est que maître Antifer le savait ! Lorsque Juhel, trois semaines avant, lui avait donné le gisement de l’îlot numéro quatre entre la Sicile et Pantellaria, il avait aussitôt reconnu qu’il s’agissait de l’île Julia. Alors qu’il était novice au commerce, il avait souvent parcouru ces parages, il n’ignorait rien du double phénomène qui s’y était produit en 1831, cette apparition et cette disparition d’un îlot éphémère, maintenant englouti à trois cents pieds de profondeur !… Ceci bien et dûment établi, après un accès de colère, le plus terrible de toute son existence, il en avait pris son parti, il avait renoncé à jamais à s’approprier le trésor de Kamylk-Pacha !… Et voilà pourquoi il ne parlait plus