Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/37

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et on ne se trompait pas, malgré l’apparence humble et misérable de sa maison — ce qui avait induit maître Antifer en erreur. Cela dénotait chez ce Zambuco une parcimonie prodigieuse en ce qui concerne les nécessités de l’existence. Était-ce donc qu’il n’avait pas de besoins ? Très peu, sans doute, et il évitait de s’en créer, grâce à ses instincts de thésauriseur. Entasser sacs d’écus sur sacs d’écus, accaparer l’argent, drainer l’or, faire main basse sur tout ce qui représente une valeur quelconque, c’est à des tripotages de ce genre que s’était consacrée sa vie entière. De là, plusieurs millions bien et dûment encoffrés par lui, sans trop s’inquiéter de les rendre productifs.

Ce qui aurait paru invraisemblable, contradictoire même, c’eût été qu’un pareil homme ne fût pas resté célibataire. Si le célibat est tout indiqué, n’est-ce pas justement en faveur des types de cette espèce ? Aussi Zambuco n’avait-il jamais eu la pensée de se marier, « et comme c’est heureux pour sa femme », répétaient volontiers les loustics du quartier maltais. De frères, de cousins, enfin de parents d’aucune sorte, on ne lui en connaissait pas, sauf une sœur. Les générations antérieures des Zam-