Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/45

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s’échappa de sa bouche pincée. La réponse attendue ne sortit pas de ses lèvres. Mais un observateur attentif aurait pu remarquer qu’un éclair brilla soudain derrière la lentille des lunettes — un éclair que les paupières, en s’abaissant, éteignirent aussitôt.

« Je vous dis que je suis maître Antifer…

— J’ai bien entendu.

— Antifer Pierre-Servan-Malo, fils de Thomas Antifer, de Saint-Malo… Ille-et-Vilaine… Bretagne… France…

— Vous avez une lettre de crédit sur moi ?… demanda le banquier, sans que sa voix trahît la plus légère altération.

— Une lettre de crédit… oui !… répliqua maître Antifer, absolument déconcerté par la froideur de cet accueil, une lettre de crédit de cent millions…

— Donnez !… » répondit simplement Zambuco, comme s’il se fût agi d’un effet de quelques piastres.

Du coup le Malouin se sentit démonté. Comment ! depuis vingt ans, ce flegmatique banquier était prévenu qu’il aurait sa part d’un trésor d’une valeur invraisemblable, qu’un jour un certain Antifer viendrait, pour ainsi