Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/143

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Je fus obligée de leur rendre moi-même les honneurs funéraires et de préparer leur voyage vers le royaume de Hel. J’ai éprouvé toutes ces pertes dans l’espace d’une demi-année, et personne ne m’apporta de consolation.

Avant la fin de cette même demi-année, je fus faite prisonnière et enchaînée. Chaque matin, je devais préparer les ornements et attacher les chaussures de la femme du Jarl.

Par jalousie, elle me menaçait sans cesse et me frappait durement. Jamais je ne vis maître aussi bon ni aussi méchante maîtresse.


Leconte de Lisle conserve le personnage, son nom et sa qualité de reine des Huns. Il la fait, comme dans l’Edda, tomber en esclavage. Mais elle était vieille, il la rend jeune. Elle avait sept fils et quatre frères, il supprime ses fils en conservant ses frères, et il attribue à ceux-ci le sort de ceux-là :


Hélas ! n’ai-je point vu les torches et les glaives ?
Mes frères égorgés, rougissant nos vallons
De leurs membres liés aux crins des étalons,
Et leurs crânes pendus à l’arçon des Suèves ?


De ces changements on voit aussitôt la raison principale : si Herborga n’a plus de mari, ni de fils, c’est pour qu’elle tombe vierge entre les mains du vainqueur, c’est pour qu’elle ne connaisse pas d’autre amour que la brutale passion du chef dont elle est esclave, c’est pour que sa destinée devienne ainsi tout à fait barbare, comme il convient à l’héroïne d’un poème figurant dans un recueil qualifié de ce terme. Et le poète, impitoyable pour cette malheureuse Herborga, lui enlève jusqu’à la satisfaction d’avoir trouvé