Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/159

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péché toute la nuit[…] et nous avons vu le corps du noble fils du roi dans les vagues bleues. — La jeune fille prend sa chaîne d’or de son cou, les anneaux de ses doigts et les donne au pêcheur […] qui a trouvé le corps de son bien-aimé [puis, elle se jette à la mer][1].


L’aventure du seigneur Oluf et de sa fiancée n’est pas moins lamentable. Mais ce n’est pas la jalousie d’une femme qui trouble leur félicité la veille même du jour où ils allaient réaliser leurs rêves enchantés, c’est celle de la reine des Elfes, ces fées séduisantes qui dansent sur la colline et dont un baiser, un geste, un regard donne la mort.

Peu d’histoires ont ému, comme celle-ci, le cœur des Suédois, puisqu’elle leur a inspiré, dit-on, plus de quinze chansons différentes. La Villemarqué en traduit une dans son Baraz-Breiz[2]. Leconte de Lisle lui a préféré, avec raison, celle que traduit Henri Heine dans son livre De l’Allemagne[3] :


Le seigneur Oluf chevauche bien loin
Pour inviter les gens de sa noce.
Mais la danse va si vite par la forêt.

Et ils dansent là par quatre et par cinq,
Et la fille du roi des Elfes étend la main vers lui.
Mais la danse, etc.



  1. Chants populaires du Nord, p. 193, 200, 202, 214, 230.
  2. Quatrième édition, p. 47 ; note au chant III. le Seigneur Nanu et la fée. La Villemarqué appelle le héros Olaf.
  3. Œuvres de Henri Heine ; Paris, Renduel, 1835 : t. VI, p. 143.