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La petite Christine et sa mère ont mis de l’or dans le cercueil. La petite Christine pleure son fiancé qui est dans la tombe.

Il frappe à la porte avec ses doigts légers. — Lève-toi, petite Christine, et tire le verrou.

Lève-toi, petite Christine, tire le verrou ; je suis le jeune fiancé que tu aimais autrefois.

La jeune fille se lève à la hâte, et tire le verrou.

Elle le fait asseoir sur un coffre d’or ; elle lave ses pieds avec du vin pur.

Ils se mettent au lit, et causent beaucoup, et ne dorment pas.

Les coqs commencent à chanter. Les morts ne peuvent rester plus longtemps absents.

La jeune fille se lève, prend ses souliers et suit son ami à travers la longue forêt.

Et quand ils arrivent au cimetière, les cheveux blonds du fiancé commencent à disparaître.

— Vois, jeune fille, comme la lune a rougi tout à coup. Ainsi tout à coup disparaît ton bien-aimé !

Elle s’assoit sur son tombeau, et dit : — Je resterai jusqu’à ce que le Seigneur m’appelle.

Alors elle entendit la voix de son fiancé qui lui disait : — Petite Christine, retourne dans ta demeure.

Chaque fois que tu laisses tomber une larme, mon cercueil est plein de sang.

Chaque fois que ton cœur est gai, mon cercueil est plein de feuilles de rose.


Leconte de Lisle a suivi très fidèlement son modèle jusqu’au départ du fiancé. Mais à ce moment Christine demande à accompagner dans la mort celui à qui elle a donné sa foi virginale. Lui ne répond rien. Ils vont sur la mousse humide, à travers la longue forêt, arrivent au vieux cimetière.