Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/220

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bûcher dont le vent secoue la flamme, font des incantations à tous les dieux ; à leur voix, l’éclair fend la nue, le vent cesse, et le chariot de l’étranger s’arrête, ayant perdu sa route.

Mais alors le saint dissipe les ténèbres d’un signe de croix, et, comme dans le récit de La Villemarqué, on entend de nouveaux les oiseaux chanter l’aube immortelle.


C’est encore La Villemarqué qui a fourni à Leconte de Lisle la deuxième partie de son poème ; mais ici la légende était moins ancienne et le modèle a été moins bien respecté.

Patrice, raconte le poète, a soumis l’Irlande ; mais il est des cœurs fiers qui gardent intact le culte du passé.

Une nuit, l’apôtre se promené à travers les ruines du palais de Temrah, qui abritait jadis le principal roi de l’île et les bardes ses conseillers. Décor très pittoresque, comme toujours : le lichen mord le granit, l’herbe croît dans les fentes des dalles, la ronce entre aux crevasses du mur ; le pas de Patrice fait ramper des reptiles et voler des hiboux.

Il fait sombre. Un vieillard est, assis auprès d’un feu solitaire : une harpe de pierre est debout auprès de lui.

Longuement, doucement, Patrice lui prêche la foi nouvelle et lui annonce la fin du règne des violents. — Le bras qui brandissait l’épée est desséché, — dit-il. Que le barde reçoive donc l’eau sainte : il retrouvera son génie, et de nouveau sa harpe fera entendre de sublimes accords.

Mais Murdoc’h exalte la religion qui suscitait les actions