Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/221

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héroïques et les morts orgueilleuses, inconnues aux esclaves. Puisque l’esclave rampe et prie où chantaient les épées, le vieux barde est heureux de songer qu’il mourra bientôt et qu’il s’en ira rejoindre les âmes des Finns dans la salle où elles siègent la coupe au poing.

— Insensé, lui crie Patrice, il n’y a pas d’autre ciel que celui de mon Dieu, qui le réserve aux humbles.

— Où sont donc mes pères ?

— Où les païens sont tous : Dieu les a balayés dans les ardentes tortures, pour l’éternité.

— Ami, dis à ton Dieu que je vais rejoindre mes ancêtres.

Et le barde se frappe au cœur.

C’est ainsi que mourut, dit la sainte légende, Le chanteur de Temrah, Murdoc’h aux longs cheveux, Vouant au noir Esprit cette sanglante offrande.

Aucune légende ne racontait cette entrevue de Patrice et de Murdoc’h. Mais une légende, probablement assez récente[1], faisait se rencontrer sur les ruines du palais d’Almoïn deux personnages sympathiques entre tous aux Irlandais, Patrice et Ossian. Voici comment La Villemarqué la raconte d’après un poème irlandais dont il cite des vers en appendice[2] :


Dans la salle abandonnée d’un palais en ruines, qui n’avait plus d’autre plafond que la voûte du ciel, et que la lune seule


  1. Jocelin, au xiie siècle, ne la connaît pas.
  2. On trouvera le texte et la traduction d’un poème irlandais qui met aux prises Patrice et Ossian dans O’ Sullivan, Irlande, Poésies des Bardes ; Paris, Glashin, 1853, p. 323.