Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/352

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Et voici, ramenée de seize vers aux dimensions d’un sixain, l’ode où Horace reproche à la vieille Chloris de ne pas laisser la coquetterie à sa fille Pholoé. On remarquera que Leconte de Lisle qui, pour plus de pittoresque, a donné à Urien le nom de son père Kenwarc’h, donne ici, pour la même raison, à Chloris le nom de sa fille Pholoé :


Oublie, ô Pholoé, la lyre et les festins,
Les Dieux heureux, les nuits si brèves, les bons vins
Et les jeunes désirs volant aux lèvres roses.
L’âge vient : il t’effleure en son vol diligent,
Et mêle en tes cheveux semés de fils d’argent
                 La pâle asphodèle à tes roses !


l’enlèvement d’européia[1]


Europe, vierge tyrienne, jouait avec ses compagnes sur les bords de la mer, quand un grand taureau l’aborda et la flatta. Elle le caressa à son tour et monta sur son dos. Alors l’animal, se relevant, bondit dans la mer. C’était Jupiter, qui avait caché sa divinité afin d’éviter la colère de Junon. Il emporta la jeune fille en Crète, où elle devint mère.

Voilà, en abrégé, la légende d’Europe telle qu’on la racontait à l’époque alexandrine, et il ne faut pas s’étonner qu’elle ait été alors très populaire. Elle offre, en effet, aux artistes, — peintres, ciseleurs, sculpteurs et poètes, — d’admirables sujets, en leur permettant d’associer dans un


  1. Derniers poèmes, V.