Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/354

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taureau se leva, et il emporta Eurôpéia comme s’il volait, et il parvint rapidement à la mer. Et, se retournant, elle appelait ses chères compagnes en étendant les bras, mais elles ne pouvaient la suivre. Alors, du rivage étant entré dans la mer, il s’éloigna comme un dauphin. Les Néréides, émergeant des flots, l’accompagnaient, assises sur le dos des baleines, et le retentissant Poséidaôn lui-même, apaisant les flots de la mer, guidait son frère ; et tout autour s’assemblaient les Tritônes, habitants de la profonde mer, en soufflant le chant nuptial avec leurs longues conques.

La vierge, assise sur le dos du taureau Zeus, d’une main tenait une des longues cornes, et de l’autre contenait les plis flottants de sa robe pourprée ; et l’onde abondante de la blanche mer en mouillait l’extrémité. Le large péplos d’Eurôpéia flottait sur ses épaules, tel que la voile d’une nef, et soulevait la vierge. Mais elle, déjà loin de la terre de la patrie, elle ne voyait plus ni le rivage, ni les hautes montagnes, mais seulement l’Ouranos au-dessus d’elle, et, en bas, l’immense mer[1].


Avant d’être imitée par Leconte de Lisle, l’idylle de Moschus avait inspiré deux, fragments à André Chénier. Le plus ancien des deux n’est qu’une traduction, et qui n’est peut-être pas toujours très heureuse. L’autre est un admirable morceau, où des traits pris à Mochus ont été combinés avec des traits empruntés à Ovide, à une ode anacréontique et à une pièce de l’anthologie. C’est la description d’une coupe : elle devait figurer dans une idylle dont le poète a seulement tracé le plan général en quelques lignes de prose et composé deux morceaux.

André décrit d’abord, et plutôt d’après Ovide que d’après


  1. Traduction de Leconte de Lisle.