Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/390

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volupté ? Mais déjà sur le sol plus froid de la Hellas des légendes nouvelles ont été conçues, un nouvel idéal s’est formé, et l’enlèvement d’Hélène a beau marquer pour un instant le triomphe des idées asiatiques, ce sont les idées grecques qui définitivement triompheront et illumineront le monde.

Voilà le premier sens du poème, et ce sens éclate avec une clarté parfaite dans la scène lyrique où les compagnons de Paris ayant reproché à la Grèce la froideur de son ciel, l’aède reproche à l’Asie son génie infertile :

LE CHŒUR D’HOMMES.


Le souffle de Borée a refroidi vos deux.
Oh ! combien notre Troie est plus brillante aux yeux !
Vierges, suivez Hélène aux rives de Phrygie,
Où le jeune Iakkhos mène la sainte Orgie,
Où la grande Kybèle au front majestueux,
Sur le dos des lions, fauves tueurs de bœufs,
Du Pactole aux flots d’or vénérable habitante,
Couvre plaines et monts de sa robe éclatante !


DEMODOCE.


Etrangers, c’est en vain qu’en mots harmonieux
Vous caressez l’oreille et l’esprit curieux.
C’est assez. Crâce aux Dieux qui font la destinée,
Au sol de notre Hellas notre âme est enchaînée,
Et la terre immortelle où dorment les aïeux
Est trop douce à nos cœurs et trop belle à nos yeux.
Les vents emporteront ta poussière inféconde,
Ilios ! Mais Hellas illumine le monde !


Mais, par moments, il semble que le poème prenne plus